Le mot métaphysique n’est pas connu d’Aristote, qui emploie l'expression philosophie première. Notes de cours peut-être hétérogènes et sans dénomination commune, les papiers classés après la Physique dans la bibliothèque d'Alexandrie prirent ainsi accidentellement le nom de "méta-physique". Néanmoins, il est possible de considérer que cet ensemble de réflexions constitue une certaine unité. On y trouve en particulier énoncé un certain nombre de problèmes qui sont posés relativement à une même question : qu'est-ce qui fait que la totalité de ce qui est est ?, laquelle question semble définir l'objet d'une science dénommée philosophie première. La philosophie première ou métaphysique, c’est donc pour Aristote la science la plus générale, par opposition aux sciences particulières. La philosophie première, c'est la philosophie qui, au lieu de « découper une partie de ce qui est » (genre, espèce, ou autre) pour se poser ensuite la question de son être particulier (Qu'est-ce qui fait que ce qui est vivant est vivant ? ou encore Qu'est-ce qui fait qu'un homme est un homme? ou bien Qu'est-ce qui fait qu'un minéral est un minéral ? etc.) "prend en vue la totalité de ce qui est" pour s'interroger sur ce qui fait que tout ce qui est est. Selon Aristote, la philosophie première est donc la science de l’être en tant qu’il est et non d'une de ses parties, ou encore la science des principes et causes de l’être en tant qu'il est et de ses attributs essentiels. La philosophie première, en posant la question de savoir ce qui fait que tout ce qui est est, se heurte à de multiples problèmes, du fait que « ce qui est se dit en de multiples sens » (Métaphysique, G) ou autrement dit que « ce qui est en tant qu'il est n'est pas un genre » (Métaphysique, B). En effet, ce qui est se découpe en parties distinctes (supra-lunaire et sub-lunaire, les différents genres, les différentes espèces, etc.) dont les principes et les causes semblent définitivement hétérogènes les unes aux autres.