la nature de l'homme
TSTGRH
Comment faut-il comprendre l’expression : « la nature de l’homme est de ne pas avoir de nature ? »
Introduction :
« c’est dans la nature de l’homme », « c’est dans ma nature », « les hommes sont méchants par nature » : ces expressions témoignent qu’on a souvent tendance à enfermer l’homme dans une « nature » toute faite ; or ne peut-on pas paradoxalement définir la nature humaine par l’absence de nature ? La nature de l’homme (c'est-à-dire son essence, sa définition, son concept) serait de ne pas avoir de nature ; comment faut-il comprendre ce paradoxe ? Cette négation de la nature en l’homme (ou de l’homme) n’est-elle pas la condition positive de sa liberté, la marque d’une transcendance qui fait de l’homme un être à part dans la nature, un être qui se distingue radicalement des animaux ? La condition de l’homme n’est-elle pas d’être autre chose qu’un être naturel ? Pourtant ne doit-on pas reconnaître que l’homme fait aussi partie de la nature et qu’il a une nature ?
I) Est-ce qu’on ne peut pas définir l’homme par cette capacité à s’arracher à ce qui est naturel en lui : ses instincts, son animalité ?
A) La nature de l’homme est manque, privation : selon le mythe de Prométhée raconté par Platon dans le dialogue Protagoras, l’homme a été créé inachevé : contrairement aux animaux qui sont dotés d’instincts, l’homme va devoir se créer lui-même en inventant la culture : le feu volé aux dieux et donné aux hommes par Prométhée symbolise cet artifice qui marque l’avènement de l’humanité qui entre dans l’histoire et se distingue des bêtes réduites à manger cru, à vivre dans les bois…L’homme lui va manger cuit, vivre dans des villes (la Polis). La nature de l’homme est donc paradoxalement de devenir autre chose qu’un être naturel : un être de culture, un humain. La nature de l’homme consiste donc bien à nier sa propre animalité, la nature en lui, ses instincts ; par exemple en respectant des interdits religieux ou moraux et des