La pluie
Nous allons étudier un texte de Francis Ponge intitulé « La pluie », tiré du recueil Le parti pris des choses, en date de 1942. Le titre de son ouvrage est évocateur de l'état d'esprit de l'auteur, il s'agit de proposer une leçon de choses. Ponge propose une description des choses de la vie quotidienne et leur attribue une valeur précieuse. Nous retrouvons cette perspective d'étude dans « Le cageot », « L'Huître », « La radio », « Le pain » etc. Les objets perdent ainsi leur aspect anodin et acquièrent une véritable dignité et originalité. Dans le but d'étudier la leçon du poète, nous analyserons le degré de scientificité de l'observation de l'auteur qui rend précieuses les images associées à la pluie.
TEXTE ETUDIE La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c'est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d'un grain de blé, là d'un pois, ailleurs presque d'une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se sus-pend en berlingots convexes. Selon la surface entière d'un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d'un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet par-faitement vertical, assez grossièrement tressé, jusqu'au sol où elle se brise et rejaillit en aiguil-lettes brillantes.
Chacune de ses formes a une allure particulière: il y répond un