La poésie lyrique
L'ode, avec plus d'éclat et non moins d'énergie, Élevant jusqu'au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. etc.
Il ne faut pas cependant mépriser ce jugement, parce qu'il est sage et mesuré, et qu'il exprime avec calme la nature et les lois du genre le plus hardi et le plus passionné de tous. Mais nous trouverons en effet plus d'âme et de chaleur dans quelques lignes du Discours sur l'histoire universelle.
"Il se faisait, dit Bossuet, des cantiques que les pères apprenaient à leurs enfants; cantiques qui, se chantant dans les fêtes et dans les assemblées, y perpétuaient la mémoire des actions les plus éclatantes des siècles passés: De là est née la poésie, changée dans la suite en plusieurs formes, dont la plus ancienne se conserve encore dans les odes et dans les cantiques employés par tous les anciens à louer la Divinité et les grands hommes. Le style de ces cantiques, hardi, extraordinaire, naturel toutefois, en ce qu'il est propre à représenter la nature dans ses transports, qui marche pour cette raison par de vives et impétueuses saillies, affranchi des liaisons ordinaires que recherche le discours uni, renfermé d'ailleurs dans des cadences nombreuses qui en augmentent la force, surprend l'oreille, saisit l'imagination, émeut le coeur, et s'imprime plus aisément dans la mémoire" (IIe partie, ch. IlI).
La poésie lyrique est là tout entière, enthousiasme religieux et guerrier, admiration de la grandeur sous toutes ses formes, éblouissements et retours de l'imagination, harmonie éclatante et musicale, puissance populaire et patriotique, tout ce qui fait l'incomparable beauté des Psaumes et des Prophètes, des Odes de Pindare et de l'éloquence de Bossuet. Il manque seulement à ce tableau un trait que le prêtre aurait