La production des grands hommes m.gaodelier
Maurice GODELIER – 1982 La production des grands hommes, Fayard, pp.224-226.
Contexte :
Entre les deux guerres mondiales émerge un nouveau domaine de recherche en anthropologie : l’anthropologie économique. Mais le dialogue entre l’anthropologie et l’économie est plus ancien (on pense notamment à Morgan et l’idée de propriété qui est un indicateur du stade d’évolution : inexistant à la période de sauvagerie, elle évolue vers la propriété individuelle au stade de la civilisation).
L’anthropologie économique constitue un champ de l’anthropologie consacré à l’étude de l’activité économique. Tout le problème étant dès lors de définir l’activité économique. Pour se faire les anthropologues vont d’abord s’inspirer des catégories générales de l’économie (et donc faire référence aux sciences économiques). Ce qui va soulever la question de l’universalité de ces catégories (construites sur la base d’une analyse de l’économie marchande).
Pendant longtemps, l’analyse de l’activité économique s’est focalisée sur la vie matérielle, ce que Morgan appelait les « arts de la subsistance ». L’idée prévalant étant qu’un groupe aux faibles moyens techniques s’inscrit dans une économie de subsistance, où l’absence de surplus entraîne une absence d’échange (donc une absence de toute forme de monnaie ou de capital, c’est pour cela que certains ont parlé d’« économie primitive » ou de « communisme primitif »).
Les travaux de Boas (le Potlatch) et de Malinowski (la Kula) vont déconstruire cette idée en montrant que ces sociétés consacrent une part importante de leurs ressources à la production de biens de prestige destinés à l’échange, ou détruits (il y a donc bien un surplus). L’économie dite primitive n’est pas une économie de pénurie.
De là émerge une nouvelle conception de l’activité économique : celle-ci déborde largement la vie matérielle. Dans ces sociétés, beaucoup de comportements économiques ne relèvent d’aucune stratégie