La querelle des inventires
La Querelle des inventaires est un ensemble de troubles survenus en de multiples régions de France, consécutif à la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905 et au décret du 29 décembre 1905, prévoyant l'inventaire des biens des Églises, notamment de l'Église catholique, afin de préparer la dévolution de ces biens aux associations cultuelles définies dans l'article 4 de la loi. Les édifices religieux, depuis la Révolution, sont propriétés des communes (ou de l'Etat pour les cathédrales). Lors des débats parlementaires sur la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, l'idée d'un inventaire des biens s'est naturellement imposé. Le 29 décembre 1906, un décret concernant ces inventaires est pris. Cependant, la mise en œuvre de cet inventaire suscita des conflits dans certaines régions de France, essentiellement les régions fortement catholiques (l'Ouest et une partie du Massif central). Face à la montée des troubles, le président du Conseil, Clemenceau, et son ministre des cultes, Briand, font suspendre les inventaires (16 mars 1906). Que s'est-il passé ? De quoi les fidèles veulent-ils se protéger et quel est le sens qu'ont ces inventaires pour eux ? On pourra donc se demander en quoi cette querelle des inventaires manifeste la volonté de l'Eglise de se placer en persécutée afin de réaffirmer le culte et la dévotion ? Et au final en quoi cette querelle constitue davantage un rite qu'une insurrection ? Il sera tout d'abord nécessaire d'analyser le contexte politique de la France au début du siècle pour comprendre dans un deuxième temps que ces inventaires matérialisent la puissance de l'Etat face aux églises. Enfin on se demandera sur quoi débouche finalement ces inventaires.
I. Le contexte politique en France au début du siècle
A. Une loi qui s'inscrit dans une lutte anticléricale
Depuis le programme de Belleville de Gambetta (1869), la séparation des églises et de l’État constitue l'un des objectifs