La rencontre de mlle de chartres et de m. de clèves
La rencontre de Mlle de Chartres et de M. de Clèves chez le bijoutier, de « le lendemain qu’elle fut arrivée … » à « … Madame, sœur du roi. »
Après 1670, le genre romanesque français connaît une profonde mutation: les pastorales ont fait leur temps et le roman bourgeois est resté marginal. La noblesse, réduite à l’inaction par l’autorité absolue de Louis XIV, garde la nostalgie de l’héroïsme courtois. Madame de Lafayette est née Marie-Magdeleine Pioche de La Vergne en 1634 à Paris. En 1678, son chef-d’œuvre, La Princesse de Clèves, est publié anonymement suscitant d’emblée une admiration et à la fois une « querelle ». Elle lui sera attribuée après sa mort, en 1693. Cet ouvrage est un roman précieux, un roman à décor historique et surtout le premier grand roman d’analyse, à l’origine d’une grande lignée. Le grand mérite de l’auteur est d’avoir su concilier dans cette œuvre la subtilité romanesque de l’esprit précieux et la vérité sobre et éternelle du classicisme. Cet extrait romanesque peint la rencontre de M. de Clèves et de Mlle de Chartres. Nous étudierons d’abord le coup de foudre de M. de Clèves, puis cette extrait comme annonciateur de leur future relation et enfin le cadre qui rappelle la Cour et ses coutumes.
En premier lieu, cette scène est dans la continuité du roman précieux car le prince de Clèves s’éprend de Mlle de Chartres dès leur première rencontre dans cette bijouterie et l’on peut dire que c’est un véritable coup de foudre. Au début, il est tellement frappé par sa beauté qu’il ne parvient pas à cacher sa surprise. Mlle de Chartres s’en aperçoit et « ne put s’empêcher de rougir en voyant l’étonnement qu’elle lui avait donné. Elle se remit néanmoins […] » M. de Clèves la regarde ensuite avec « admiration » et analyse « son air » et « sa suite ». Il en conclut qu’il s’agit d’une femme d’une « grande qualité ». Par la suite, il continue d’analyser ses faits et gestes et se rend compte