La tirade de Ruy Blas
« Babel est dans Madrid. »)
Situation du texte :
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Acte III : dans la « salle de gouvernement », 6 mois après l'acte II (ellipse temporelle)
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La scène précédente est plutôt informative :
✔ On apprend la foudroyante ascension de RB devenu ministre (« Il a la Toison d'or. Le voilà secrétaire /
Universel, et puis duc d'Olmedo! ») grâce à l'aide bienveillante de la reine, mais les deux personnages se sont manifestement fuis tout ce temps.
✔ Cette scène est l'occasion de dresser un tableau de la corruption, de la bassesse et de l'oisiveté des conseillers du roi dont la seule préoccupation est le partage des dernières richesses d'une Espagne exsangue.
✔ RB, caché dans la salle, assiste à la curée et finit par intervenir, vibrant d'indignation.
Présentation du passage : il s'agit d'un violent réquisitoire, aux accents épiques et romantiques, contre la corruption et la vénalité des Grands d'Espagne qui pillent le royaume d'Espagne, au détriment d'un peuple accablé et exploité.
Problématique : Comment RB dénonce-t-il l'infamie des Grands d'Espagne ?
I) Un violent réquisitoire ...
a) Une cinglante apostrophe
– Ironie féroce de l'apostrophe initiale fonctionnant par antiphrases « Bon appétit, messieurs ! - O ministres intègres ! /
Conseillers vertueux ! » [v1], « serviteurs » [v2].
– Ponctuation expressive forte (nombreux points d'exclamation) dans l'exorde (v1 à 9) suggérant une indignation extrême de RB
– Reprise du pronom « vous » qui martèle l'accusation. Notez les parallélismes de construction « Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure » [v4] et « Donc vous n'avez ici ... » [v6] qui placent le « vous » accusateur à la même position dans le vers lui conférant une force accrue.
– RB se place dans une position de juge par un processus de mise à distance sensible dans les déterminants possessifs où l'on sent poindre toute sa véhémente