La tour de babel par pierre bruegel (1525-1569)
Dans le traitement de ce thème, Bruegel fait plusieurs choix significatifs et relativement ambigus. Bien qu’il représente un défi humain voué à l’échec, l’artiste semble refuser à donner au mythe une tournure tragique : l’écroulement programmé de la Tour n’empêche pas la ville de croître aux alentours. Avant de procéder à l’étude du tableau, il convient de revenir rapidement sur le texte biblique qui l’a inspiré : dans la plaine de Shinéar (au sud de l’Irak actuelle), le roi Nemrod et son peuple avaient entrepris la construction d’une tour qui devait atteindre les cieux. L’unité des hommes, qui parlaient tous la même langue, semblait rendre le projet possible. Pour punir l’orgueil humain, Dieu décide alors de diversifier les langues et les empêche ainsi de s’entendre et de poursuivre leur entreprise.
Plusieurs lectures de ce mythe ont été proposées, allant d’une explication du développement des différentes civilisations, des processus de sédentarisation et de diversification linguistique à une condamnation de l’orgueil des hommes. Mais qu’en est-il de cette œuvre de Bruegel ? Quelle est sa position par rapport au récit, et qu’apprend-t-on de nouveau sur l’art à partir de ce tableau ? Tout d’abord, nous tenterons d’analyser la peinture pour en déduire la manière dont Bruegel a pu interpréter le mythe, pour tenter ensuite d’en savoir plus sur l’art et de dépasser le préjugé selon lequel l’art ne serait qu’une simple imitation d’un modèle. Nous finirons l’étude du tableau en essayant de montrer comment l’artiste envisage la notion de progrès, qui est implicitement posée par le mythe.
I. Analyse technique de l’oeuvre
1- Les lignes
→ Bruegel utilise 2 types de lignes pour délimiter les différents espaces du tableau :
- les lignes courbes sont réservées aux paysages naturels (montagnes, côtes, fleuves) et à la tour, qui s’intègre alors mieux à l’environnement, et
- les lignes droites sont celles de