la ville in la statue de sel
456 mots
2 pages
Le racisme est essentiellement la manifestation de la peur de l’Autre et de ce qui est différent. Notre attention se portera donc sur les caractéristiques de cet Autre vu par le personnage principal du roman, lui-même en quête de sa propre identité tout en se positionnant par rapport à l’Autre dans une altérité complexe qui reste à définir. Comme son personnage principal, A. Memmi est un écrivain qui s’émerveille et souffre d’avoir plusieurs identités ; il est à la fois juif, tunisien, français, parfois séparément parfois simultanément, entretenant un rapport ambigu avec ses diverses identités. Certains lecteurs objecteront qu’il n’est pas important de connaître l’identité de l’auteur, que seule son oeuvre importe, mais il est difficile de ne pas tenir compte de l’auteur lorsqu’il s’agit d’une autobiographie romancée comme La statue de sel. Il existe en effet une étroite corrélation entre le vécu de l’auteur et les personnages qu’il met en scène. Nous retrouvons ainsi l’espace géographique dans lequel Memmi a passé une grande partie de sa vie et des références à la culture et à la religion qui sont au coeur de la problématique développée dans l’ensemble de son oeuvre. Dans la préface au Portrait du colonisé[4], Memmi précise : « J’avais écrit un premier roman, La statue de sel, qui racontait une vie, celle d’un personnage pilote, pour essayer de me diriger dans la mienne[5]. » Notre analyse ne consistera pas à démêler la fiction de la réalité, mais à commenter le parcours du personnage dans son rapport à l’Autre : peut-être arriverons-nous à mieux cerner les objectifs de l’auteur. Dans cette perspective, Tahar Bekri affirme que
la distance fictive voulue par l’auteur entre son récit, fût-il singulier et stylisé, et l’oeuvre autobiographique, serait une volonté déployée pour mieux réussir le regard sur soi. Une vraie quête difficile et éprouvante de la paix avec soi-même[6].
4
Le personnage principal de La statue de sel s’appelle Alexandre Mordekhaï