L'amour dans la philosophie
I. L’amour au commencement de la philosophie
Tout commence donc par l’amour. Il semble en eff et, d’après
Cicéron dans ses Tusculanes, se référant à un disciple de Platon,
Héraclide de Pont, que ce soit à Pythagore lui-même que l’on doive le nom de « philosophe ». Il utilisa ce terme, alors inconnu, pour défi nir sa profession, en réponse à la question du tyran Léon de
Phlionte. À l’antique nom de « sage » (sophos), Pythagore ajoute l’idée d’amour : « Car tandis que les uns …afficher plus de contenu…
D’autre part, parce que le « philein » de la « philosophie » trouvera une interprétation en terme « érotique ». De ces deux éléments va naître le caractère inséparable de l’amour et de la philosophie, cet acte d’aimer par excellence.
B. L’amour au cœur du cosmos : Empédocle
C’est bien là en eff et une des particularités profondes de la pensée grecque, et qui marquera durablement la pensée occidentale : aimer n’est pas seulement un sentiment humain, c’est une force universelle. Cela ne signifi e pas, bien sûr, qu’il n’est pas question de « l’amour humain », comme nous le verrons. Mais c’est là le thème le plus universel de la littérature et de la morale, alors que la philosophie va se particulariser par un changement de …afficher plus de contenu…
Comme le résumera lapidairement le platonicien Plutarque au Ier siècle de notre ère : « Pour Empédocle la nécessité que les autres appellent destin, c’est en même temps l’Amour et la Haine »…
En somme, l’idée n’est pas du tout de penser un Être d’amour, mais plus prosaïquement d’essayer de rendre compte de l’orga- nisation de la matière… Le terme d’organisation est d’ailleurs important, car Empédocle ne cesse d’insister sur l’absence de création et de destruction dans la nature : elle est faite d’un rythme éternel de composition et de décomposition. En somme, amour et haine sont bien des forces « physiques », qui tentent de