1 Selon David Baguley, la physionomie du récit naturaliste relève d’une
« intrigue dysphorique, qui semble relever du fait divers journalistique – crime, scandale, adultère, escroquerie – se présentant le plus souvent comme le renversement parodique de l’action romanesque ou héroïque et soumettant l’homme – le plus souvent la femme – à un destin dégradant pour dévoiler le vide de l’existence humaine. ». L’Assommoir d’Emile Zola semble correspondre de façon relative à cette description du …afficher plus de contenu…

Tout d’abord, nous verrons que l’aspect dysphorique du roman s’illustre par le fatum des personnages et leur déchéance accélérée. Ensuite, nous nous attarderons sur la basfond-manie et enfin nous verrons de quelle façon Zola a opéré un « renversement parodique de l’action romanesque ». Le premier point soulevé par Baguley est la dysphorie. L’Assommoir présente en effet une intrigue dysphorique. Cette dysphorie s’illustre d’abord à l’aide du fatum des personnages. 2 En effet, Gervaise et Coupeau semblent être sous l’emprise de leur fatum. Gervaise est une
Macquart et est donc imprégnée de ses origines. Conçue lorsque son père était ivre, elle se trouve « marquée » physiquement à travers sa claudication. Coupeau est également en proie …afficher plus de contenu…

». Ce à quoi Gervaise rétorque : « Non, voyez-vous, il vaut mieux demeurer comme nous sommes. ». Ces exemples tendent à parodier les romans mélodramatiques. De plus, la parodie de cette scène platonique est renforcée par l’utilisation d’une isotopie relative à l’amour. Nous pouvons relever les termes suivants aux pages 318 et
319 : « attendrissement » ; « amour » ; « embrasser » ; « sentiment » ; « baiser furieux » ; «
« envie » et « plaisir ». L’action romanesque initiée par Goujet et rapidement atténuée par
Gervaise est décrite à l’aide de mots forts tandis qu’elle n’avance pas et que la situation des personnages ne change pas. Enfin, le renversement parodique de l’action romanesque se perçoit à travers le fatum de Gervaise qui, quoiqu’elle fasse, ne réussira pas à s’élever socialement