A quoi sert la Sce Po
Prenez cette pomme de terre. À première vue, rien de plus ordinaire. Un légume qu’on savoure en purée, en croustilles ou en frites. Un tubercule qu’on cultive à travers le monde depuis 8000 ans. Mais il y a plus encore. Demandez à un cuisinier, un botaniste et un politologue comment ils la perçoivent. Le premier vous répondrait sans doute qu’il l’utilise dans plusieurs plats, qu’il peut habilement la couper en lanières ou en rondelles et que sa cuisson est simple. Le second aurait plutôt tendance à vous dire qu’il s’agit d’une plante faisant partie de la famille des solanacées, de son nom scientifique solanum tuberosum, et qu’elle possède des défenses naturelles qui l’aident à combattre efficacement ses ravageurs, les champignons et les insectes (Tania Oswaldo, 2010).
Et le politologue? Il la décrirait probablement comme le symbole évoquant l’une des plus terribles famines de l’Histoire récente, lorsqu’en 1845, un parasite s’attaqua aux récoltes des agriculteurs irlandais, alors dépendants de la culture de la pomme de terre. Il ajouterait sûrement que la « Grande Famine » fit plus d’un million de victimes, entraîna le départ de près de deux millions de réfugiés vers les États-Unis, la Grande-Bretagne ou le Canada, mais également la révolte des Irlandais contre l’Empire britannique et l’émergence d’un nouveau sentiment nationaliste au sein du pays (Sean Duffy, 2002). Bref, que malgré les apparences, une patate est bien plus qu’une patate.
Comme l’avançait Aristote, entre les habiletés techniques du cuisinier (techne), les connaissances scientifiques du botaniste (episteme) et le « savoir pratique » du politologue (phronesis), il existe une complémentarité qui ne s’applique pas qu’à la pomme de terre et qui met la table pour une explication plus approfondie de ce à quoi sert la science politique : comprendre, interroger, lier et être.
Comprendre
Dans le langage courant et de manière