Laval
Le mois de mai 1936, riche en évènement, offre un climat politique favorable au déclenchement d'un vaste mouvement de grève qui se développe en France au lendemain de la victoire du Front populaire aux élections de mai 1936 : les ouvriers occupent les usines tandis que le pays est paralysé. Le document proposé regroupe des extraits d'un article de Simone Weil, publié dans le journal « Révolution prolétarienne », le 10 Juin 1936.
Philosophe et militante politique, Simone Weil se fit embaucher comme ouvrière en 1934 par la société Alsthom, puis l'année suivante, elle découvre le travail à la chaine chez Renault. Elle a consigné dans son Journal d’usine, maints détails concernant la nature du travail effectué, les machines, l’organisation de la production, l’usinage de telle ou telle pièce, ainsi que sur le vif quelques traits de ses compagnons de travail, leur manière d’être et de penser. Le mouvement revolutionnaire dont le point culminant fut la grève génèrale de Mai-Juin 1936 a débuté en raison de l'explosion du chômage (826 000 chômeurs en 1936), des mauvaises conditions de travail et des nombreuses années de frustrations sociales engendrées par la crise. La victoire du front populaire suscite d'immense espoir de changement profond auprès des ouviers. Les grèves débutent vers la mi-mai, aux usines Bréguet du Havre, puis se propagent progressivement dans de nombreuses branches notamment dans le secteur automobile de Renault le 27 et 28 mai 1936. Dans cet extrait, Simone Weil nous dévoile sa vision sur la situation interne de l’usine, en terme de condition de travail et de relations sociales et nous révèle aussi son opinion sur la grève ouvrière de 1936 dont elle prend part. Nous pouvons nous interroger sur la manière dont s'est déroulé le mouvement de grève au sein de l'usine Renault ? Quels en sont les avantages tirés par les ouvriers de l'usine ?