Le centre georges pompidou
«Ça va faire crier...» aurait dit Georges Pompidou en découvrant ,en 1971, manifestement stupéfait, le projet lauréat du concours international (681 candidats) lancé par l'Etat français pour construire son Centre national d'art et de culture. Il faut dire que les heureux et jeunes gagnants, l'Italien Renzo Piano et l'Américain Richard Rogers, avaient fait fort: proposer une raffinerie en plein Paris, une usine à gaz destinée à mettre la culture à la portée de tous, quel choc! Des tuyaux aux couleurs violentes, du verre un peu partout, des entrelacs de poutres, de passerelles, de portiques, de poteaux, de hublots, de cheminées. Chaos de tubes.il fait 42 mètres de hauteur, 166 de longueur, 60 de largeur. 103 000 mètres carrés de surface déployée pour une espèce de rêve technologique à la fois baroque et sophistiqué - on comprend les craintes d'un président beaucoup plus conservateur que ne le laisse supposer son image (soigneusement étudiée) d'amateur éclairé d'art moderne.
Pourtant, Pompidou n'a pas cédé et a soutenu sans faille le projet choisi par son jury, que présidait l'ingénieur Jean Prouvé. Il avait compris qu'on ne laisse pas sa marque dans l'Histoire sans lancer quelques pavés. Et ceux de 68, au fond, avaient laissé des traces dans cette architecture d'ingénieurs, faussement moderniste, qui concevait la culture comme une fête urbaine, une sorte de communion soixante-huitarde. Finis le recueillement respectueux, le chuchotement instinctif dans les palais monumentaux et glacés. Vive le plaisir naturel, joyeux et enfin bruyant! Le centre Pompidou fut le déchiffreur du paysage français: premier des Grands Travaux, avant l'Arche et la Pyramide, produit du premier concours ouvert aux étrangers, il contribua, (et ce n'est pas rien,) à réhabiliter les architectes. Il désacralisa surtout l'accès aux lieux