Le cirque bleu de chagall
Chagall réalise Le Cirque bleu [ image principale ], en 1950, en même temps que La Danse [ image 1 ], pour le théâtre londonien du Watergate qui se voulait à l’époque un lieu expérimental pour tous les arts. Prêtées par l’artiste, ces deux toiles n’y restent accrochées que quelques mois. Leur histoire rappelle le lien étroit que le peintre entretient tout au long de sa vie avec le monde du spectacle : depuis la décoration du Théâtre juif de Moscou en 1920 (Moscou, galerie Tretiakov), jusqu’au projet pour la coupole de l’Opéra de Paris en 1964 [ image 2 ], sans parler des décors et des costumes qu’il dessine pour certains spectacles.
Mais le monde du spectacle, celui du cirque particulièrement, est avant tout pour Chagall une source d’inspiration intarissable. Le Cirque bleu apparaît donc emblématique d’une œuvre où acrobates, clowns et saltimbanques reviennent de manière récurrente. Le marchand d’art Ambroise Vollard met à sa disposition une loge au Cirque d’hiver ; Chagall peut nourrir sa fascination pour le cirque et réalise en 1927 plusieurs gouaches sur le sujet, dont il tirera bien plus tard une série de lithographies [ image 3 ].
Un monde féerique sens dessus dessous
L’artiste puise aussi son inspiration dans sa vie personnelle, ses expériences et ses souvenirs d’enfance. Sous son pinceau tout élément emprunté au réel est déformé sans souci des conventions. Il transfigure la réalité pour créer un monde féerique, à la frontière du rêve et de l’imaginaire, où tout flotte et tout semble possible. Ce monde est peuplé de curieux hybrides, mi-hommes, mi-bêtes, représentés dans des attitudes inattendues : un poisson tient un bouquet, un coq frappe un tambour [ détail b ] , une lune joue du violon [ détail c ], un cheval vert sourit. Comme la plupart des peintures de Chagall, Le Cirque bleu fourmille de petits détails plus ou moins dissimulés qu’on découvre au fur et à mesure : un joueur de trompette, la tête en bas, à