Le conditional
Dans l’étude présentée par Haillet dans son ouvrage Le conditionnel en français : approche polyphonique[1]on constate un double objectif : d’une part proposer des critères permettant de rendre compte des différentes interprétations qu’on peut trouver à partir des divers contextes d’une même séquence énonciative et, d’autre part, déterminer le point commun à l’ensemble des emplois du conditionnel.
Pour analyser les environnements syntaxiques dont on peut trouver une occurrence du conditionnel la distinction s’établit entre les assertions d’un côté et les questions de l’autre.
Haillet propose d’appréhender l’interprétation d’un énoncé donné en accordant une attention particulière aux paraphrases qu’il admet et qu’il exclut. L’examen des paraphrases admises et exclues par un énoncé donné permet d’observer un ensemble d’énoncés illustrant divers emplois des formes verbales ainsi que d’opérer leurs classifications. Il vise en même temps à rendre compte de tel ou tel effet de sens produit par l’emploi d’une forme donnée. Voyons par exemple :
(1) La rénovation du bâtiment a coûté moins cher que prévu.
(2) La rénovation du bâtiment débutera l’été prochain et durera au moins deux mois. Ici l’emploi de syntagme La rénovation du bâtiment produit l’effet de sens paraphrasable par « Le bâtiment a été rénové » dans (1) mais non dans (2). Centrée sur les effets de sens produits par l’utilisation des différentes formes verbales (terme employé en alternance avec « tiroir verbal ») et inspirée du passage de Tesnière (1959 p 102)[2], cette étude considère tout énoncé comportant une forme verbale comme une représentation ; une « spectacularisation » (Bres, 1998) d’un procès.
Par exemple à propos de ces énoncés :
(3) La mère de Paul travaille ici
(4) La mère de Paul travaillait ici
(5) La mère de Paul a travaillé ici
On dira que (3), (4) et (5) ne se distinguent que par leur tiroir verbal, qu’ils correspondent à trois manières différentes de