Le crapaud
Le thème du poème, s’il est annoncé par le titre, est en fait exprimé dans le dernier vers ; il s’agit du poète lui-même, qui s’identifie au crapaud par le sort qui lui est réservé : animal rejeté, apparenté au poète maudit, que fut Tristan Corbière.
La métaphore du poète et du crapaud ne repose pas sur une description classique : le poème ne répond pas à une structure normée : c’est un sonnet inversé. il comporte plusieurs registres et types d’écriture : des phrases nominales, une phrase élémentaire, une introduction de dialogues, ce qui peut paraître a priori hétéroclite. Cependant, les variations de style ne nuisent pas à la cohérence de la comparaison, qui apparaît même comme une évidence. On peut donc se demander comment ces variations et parfois entorses à l’écriture classique contribuent à l’unicité du poème. Pour tenter de répondre à cette problématique, on abordera deux aspects : après avoir évoqué l’atmosphère créée par l’auteur, on s’attachera à mettre en évidence l’image que le poète donne de lui-même.
L’atmosphère qu’évoque Le crapaud est déjà significative et pesante dans les trois premiers vers, qui situent le décor : une nuit sans air la lune le vert sombre
Ce décor est très sobre et ne sera complété que par “un massif”, “la boue”, mais il est très suggestif par le champ lexical utilisé : celui d’un paysage nocturne et marécageux. Il est le lieu d’une promenade à deux, où les personnages ne sont pas nommés, mais représentés par les seuls tirets d’un dialogue, qui prend ainsi une tonalité énigmatique. Cette tonalité