Le dernier jour d'un condamné: analyse du chapitre 13
I. Du réel au fantastique
1) Le ferrement : une réalité
C’est un rite cruel qui précède le départ des forçats et il a lieu deux fois par an à Bicêtre et attire des spectateurs. L’opération consiste à poser au cou un carcan de fer relié à des chaînes. L’humiliation est violente et donne lieu à un défoulement collectif réprimé par des gardes-chiourme (gardien chargé de la surveillance des forçats au bagne, la chiourme est l’ensemble des forçats). Ensuite, c’est la chaîne ou la cadène, un convoi de 200 prisonniers enchaînés qui traverse la France pour aller dans les bagnes avec des charrettes et des attelages. La chiourme est injuriée et répond aux injures.
2) Le spectacle
Le terme de « spectacle » est employé trois fois : deux fois pour désigner le ferrage et une fois pour désigner son exécution.
Les sens sont mis en éveil :
a) La vue : la mise en scène avec le soleil, la « ronde », la chaîne forme une « danse » et l’omniprésence de la vue, car le narrateur est le témoin oculaire de cet étrange spectacle.
b) L’ouïe : champ lexical représentatif, car la danse est accompagnée d’un chant créé par le bruit des chaînes, le chant en argot des forçats, les rires…
Au début de l’extrait, le narrateur qui est derrière une fenêtre est dans la position du spectateur du ferrage puis il y a un renversement de situation marqué par la locution temporelle « tout à coup » et ce sont les forçats qui sont les spectateurs du condamné grâce à un jeu de regard, de désignation directe du doigt et d’interpellation.
3) La transformation fantastique : les visions du narrateur
Le narrateur est troublé, les émotions le submergent : « je m’étais oublié moi-même », « pétrifié », « perclus », «