Le jeu des apparences
Sous les yeux de Pridamant, nombreuses sont les scènes où les personnages semblent jouer un rôle devant les autres : chacun joue sur les apparences et interprète un rôle de composition, cherchant à être ce qu’il n’est pas, pour se mettre en valeur ou manipuler. Le jeu théâtral est donc souvent mis en abyme à l’intérieur de la représentation illusoire présentée par Alcandre.
1. La stratégie du masque
a)l’apparence du courage : le faux brave
Le personnage de Matamore est le plus représentatif de cette attitude.
Ce personnage est en quelque sorte à l’origine de la pièce : l’acteur Bellemore, spécialisé dans les rôles de guerriers fanfarons vient d’être engagé au théâtre du Marais pour attirer le public, il faut donc une pièce qui lui permette d’exercer ses talents comiques.
Ce personnage est un type littéraire, plus qu’un vrai personnage (il serait alors défini comme une entité psychologique individualisée), donc il perdure dans le temps, chaque époque l’investissant à sa manière pour ses effets comiques ; il est donc issu de diverses traditions théâtrales :
-le théâtre latin, notamment Plaute qui le représente sous l’apparence du
Miles Gloriosus
-puis la Commedia dell’arte, le met en scène sous les traits du Capitan, personnage outrancier dans ses propos et ses gestes, au masque couleur chair et aux moustaches hérissées, sous les traits duquel les Italiens du XVIème siècle se moquaient de l’envahisseur espagnol
-on le retrouve aussi dans le poème épique de L’Arioste (Ludovico Ariosto1474-
1533) Le Roland furieux (1516-1532) sous les traits de Rodomonte (d’où le terme de « rodomontades » :fanfaronnades)
-le théâtre espagnol également recourt à ce type avec le personnage de
Matamore (« tueur de Maures »).
Matamore apparaît dans la pièce comme un être de mots.
Il utilise Clindor, son valet, pour donner de la crédibilité à l’existence fictive qu’il s’est inventée, dans laquelle il se montre invincible tantôt par sa