Le jeunisme
Les jeunes constituent une catégorie asociale. Il y a des jeunes pauvres, en général enfants de pauvres, et des jeunes riches, en général enfants de riches. La catégorie “jeunes” les réunit et les solidarise en abolissant ces différences. Par voie de conséquence elle s'oppose à celle des “non-jeunes”. Une négation qui fait surgir la catégorie opposée, les vieux, sans nuances. Chacun doit choisir son camp. Mais quand le social est évacué se tend toujours un voile derrière lequel il se passe des choses… Lesquelles ? On commencera par constater que la grande période du jeunisme coïncide avec le développement accéléré des industries culturelles, audiovisuelles et de loisirs. Cela conduit à l'analyser dans le cadre du capitalisme de consommation. Certes on sait bien que le sociomarketing fait des jeunes une cible spécifique, mais pas seulement pour leur vendre des biens qu'eux seuls peuvent consommer, car le principal but est de les formater à vie, afin qu'ils absorbent avec ravissement tous les produits et services qui sont programmés dans les tuyaux.Les, jeunes victimes du jeunisme !
Les jeunes arrivent bien tendres sur les marchés économiques et symboliques où se jouent les trajectoires sociales à venir. Ignorants, étonnés d'être au centre de toutes les attentions, flattés, caressés dans le sens du poil, valorisés inconditionnellement pour des mérites souvent bien minces, ils constituent une cible facile qui cède sans résistance aux injonctions de la société marchande. On les rend aveugles sur leur devenir en les abreuvant, si j'ose dire, de musiques et accessoirement de jeux de miroirs narcissiques télévisés. Voyant le monde à travers le prisme des genres musicaux capable de capter aussi bien les révoltes radicales exprimées dans le rap que