Le journal d'une femme de chambre
Revue mensuelle Numéro 25, juin 1963, pp. 47-49 ISSN : 0568-174X Cote Bibliothèque Nationale de France : FOL-JO-11121
ENTRETIEN avec SEMBENE OUSMANE le docker noir
Un récent volume de nouvelles publié sous le titre de « Voltaïques » par les Éditions « Présence Africaine » a attiré une fois de plus l'attention sur un écrivain qui occupe une place à part dans la littérature africaine. Né en 1923, Sembène Ousmane est devenu par excellence le romancier du monde ouvrier noir. Sous sa silhouette frêle et son apparence paisible de fumeur de pipe invétéré, se cache une personnalité d'un dynamisme exceptionnel. Docker, syndicaliste, homme d'action et organisateur-né, Sembène Ousmane n'en a pas moins trouvé le temps de céder à son goût de l'aventure et à sa soif de connaissance : il a parcouru presque tous les continents d'un bout à l'autre. Mais c'est surtout sa production littéraire qui témoigne pour lui : « Le docker noir », « O pays mon beau peuple », et « Les Bouts de Bois de Dieu » révèlent un homme animé d'une immense sympathie pour tous ceux qui sont faibles, qu'on exploite, et qui souffrent. AFRIQUE a eu la chance de rencontrer ce globe-trotter, toujours en instance de départ, grand voyageur, écrivain et cinéaste à la fois, et de lui poser quelques questions. — Où avez-vous passé votre enfance ? — Mes parents viennent de Dakar. Mais mon père s'était installé en Casamance pour faire fortune — ce qu'il n'a jamais fait d'ailleurs — et puis il est resté là-bas. Il a trouvé, sans doute, le paysage plus agréable, la vie plus douce. C'est là que je suis né. Mon père était pêcheur.
Sembene Ousmane
— Que voulait-il faire de vous ? — Un pêcheur comme lui. Mais j'ai fait l'école primaire. Je suis parti, toutefois, avant d'avoir passé le certificat d'études. Mon père était un homme exceptionnel. Il m'a toujours laissé libre de faire ce que je voulais. Ce n'était pas courant dans notre tradition. Ainsi je n'ai même pas reçu d'éducation