Le libertinage dans les laisons dangereuses
Le roman comporte trois intrigues qui se répondent : la vengeance de Merteuil qui passe par la dépravation de Cécile, le projet de séduction de la Présidente par Valmont, enfin la rivalité entre Mme de Merteuil et Valmont. C’est cette rivalité entre les deux libertins qui est le vrai principe dynamique du récit, puisque leurs rapports évoluent clairement d’une partie à l’autre et que le récit progresse en fonction des défis qu’ils se lancent. Nous étudierons donc pour commencer les deux libertins et les lieux stratégiques du libertinage, puis leurs deux armes de prédilection la lettre et la parole. Le libertinage est-il une solution pour vivre sans contraintes sociales et connaitre le sentiment amoureux ?
La première séquence du film est constituée d’un montage alterné de 18 plans montrant le lever et l’habillage des deux libertins. Le visage de Glenn Close ouvre le film ; un effet d’attente est créé pour la révélation du visage de John Malkovich. Le montage alterné suggère la ressemblance entre les deux complices, nobles, autoritaires, vaniteux. La ressemblance est accentuée par les mouvements fluides de la caméra, qui glisse le long des vêtements pour évoquer l’idée d’un harnachement militaire (l’épée, le corset). Elle est créée aussi par les regards caméra des deux personnages qui achèvent la séquence. Il fait de cette opposition le centre d’intérêt dramatique du film. La sortie de champ de Valmont à la fin de la séquence d’habillage surprend par sa direction et sa vitesse et contraste avec l’avancée de Merteuil vers le centre du champ. Le film impose d’emblée l’idée d’une rivalité entre les deux libertins, au détriment de la complexité des autres personnages. Cet antagonisme est accentué par les critères de la beauté