Le Marché Breton Paul Sérusier
Nous pouvons voir dans cette lithographie, une femme aux traits robustes dans le coin à droite du premier plan. Elle présente son étalage et fait ainsi part du marché, sous son parapluie, elle nous laisse à voir sa marchandise. Au seconde plan, nous pouvons observer le sol, vide, qui fait liaison avec le troisième plan. Nous trouvons dans ce dernier plan, des femmes, coiffées de blanc et vétues en noir, presque toutes de dos, effectuant leur marché. Ces femmes dont on ne distingue pas les visages sont regroupées en deux parties, le premier à gauche vers un stand et le deuxième un peu plus éloigné, près d'une maison.
Nous verrons en quoi cette œuvre de 1894 relève du travail de Paul Sérusier mais aussi de la peinture Nabie, en relation avec leur grand compagnonage, celui de la Revue littéraire et artistique d'Avant-Garde, des frères Natanson : la Revue Blanche.
Le travail de Paul Sérusier est surtout connu grâce à son œuvre phare et manifeste de la peinture Nabie, Le Talisman, peint en 1888 et exposé au musée d'Orsay. Au bord de l'Aven il suit la leçon de Paul Gauguin. Ce dernier qui cherche en 1886 en Bretagne, « le sauvage, le primitif » sera d'une grande aide pour les peintres nabis, notamment par l'intermédiaire de Paul Sérusier, qui assimilera plusieurs principes de la peinture que l'on nomme à tord « post-impressionniste » comme : la planéité, la couleur posée en applat, le renoncemment des détails, le synthétisme ou encore le cloisonnisme. L'historienne de l'art Caroline Boyl Turner, spécialiste de Paul Sérusier, commentera l’œuvre comme « le manifeste d'une nouvelle peinture, de la description à l'abstraction ». Ainsi les Nabis sont sur la voie d'une nouvelle expression picturale, plus autonome, plus pure, tendant à boulverser la hiérarchie des genres en