Le progrès technique est il créateur d'inégalités ?
« La compétition économique de demain sera la bataille de la création et de l’innovation », déclarait Lionel JOSPIN lors du discours d’ouverture de la séance d’installation du Conseil d’analyse économique du 24 juillet 1997. L’ancien premier ministre énonçait alors les enjeux de la compétition économique actuelle en faisant écho à l’ouverture de l’Europe à la concurrence internationale. Il s’agissait alors de « mener la bataille de l’innovation ». L’innovation et le progrès technique ont, de tout temps, suscité des réactions diverses ; oscillant entre objectifs des politiques publiques et critiques sur ses effets pervers. L’introduction du progrès technique dans la société a souvent été délicate : que cela concerne les attaques des Luddites contre les nouvelles machines à coudre et à tisser en 1811-1812 ou plus récemment lors de la mise en place d’une carte à puce pour la sécurité sociale. Marx dans Le Capital (1867) critiquait d’ores-et-déjà un progrès technique, générateur de conflits. Le progrès technique, au sens strict, se réfère à l’amélioration des moyens de production alors que l’innovation va concerner les produits, les matières premières, les réseaux de productions et distribution. On parle en fait d’innovation technique et organisationnelle. Ce processus serait accompagné par la mondialisation qui, par définition, implique une extension des échanges internationaux, la mobilité du capital et de la main-d’œuvre avec diffusion des innovations techniques et technologiques. Le rôle du progrès technique dans la production des inégalités est ici questionné. Les inégalités, recouvrent multiples facettes : à la fois l’inégalité mondiale, c'est-à-dire l’inégalité entre tous les citoyens mais également les inégalités nationales. Celles-ci se mesurent par les inégalités de revenu, le patrimoine, le bien-être économique ou encore le niveau de vie par PIB/tête.
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