Le role de l'écrivain
Pensez-vous que, face aux grand problèmes de la vie, le rôle des écrivains soit plutôt d’avertir leurs semblables ou bien de les divertir ?
En littérature, les oeuvres sérieuses sont souvent opposés aux œuvres plus légères, voire comiques. C’est particulièrement net au théâtre où la tragédie est réputée plus noble que la comédie. On peut se demander si face aux sujets graves de la vie, le rôle des écrivains est plutôt d’avertir ou bien de divertir leurs semblables. Les verbes « avertir » et « divertir » sont deux composés antithétiques de la même racine latine vertere, versus (« tourner »), verbe de mouvement. Ils qualifient deux mouvements opposés de la pensée : « avertir » (ad vertere : « tourner vers ») indique plutôt un mouvement convergent, alors que « divertir » (divertire : se séparer de) est plus évidemment divergent. Quand elle prend la forme d’un avertissement, l’écriture s’efforce de condenser l’essentiel, pour en tirer des leçons morales ou existentielles : c’est une entreprise synthétique, a priori sérieuse. Au contraire, les écritures qui constituent un divertissement « diversifient » les centres d’intérêt : leur but est la distraction. Mais n’est-il pas simpliste de croire que, face aux sujets graves, les écrivains n’ont le choix qu’entre deux postures, l’une sourcilleuse, l’autre désinvolte ? Nous confronterons ces deux choix littéraires opposés, avant de constater que de nombreux auteurs concilient ces deux intentions et réussissent à nous avertir tout en nous divertissant.
A priori, face aux sujets graves tels que la mort, la maladie, la pauvreté, il semble primordial que les écrivains restent sérieux et interpellent leurs semblables sur l’essentiel. Ils peuvent avoir un rôle politique et social, une fonction morale et spirituelle, ou plus largement une mission intellectuelle. Au long des siècles, les auteurs dits « engagés » ont montré leur rôle politique. Victor Hugo est connu pour ses prises de