Le Roman de Renart

Le Roman de Renart est un ensemble varié de récits satiriques, appelés au moyen âge de branches, écrit en langue vulgaire (langue d’oil) par des auteurs dont la majorité est restée inconnue et parmi lesquels, le Prologue sur La Naissance de Renart datant de la deuxième partie du XIIè siècle sera analysé ici. En réalité, il fait partie des vingt-sept branches écrites en octosyllabes rimant deux par deux qui composent le Roman de Renart. L’art dans ce prologue consiste à parodier la société humaine de l’époque par la métamorphose des humains en bêtes dont les traits sont bien cernés à leur ressemblance. À l’origine, cette littérature grouillante d’aventures avait un but moralisateur imprégné d’une vérité spirituelle d’ordre chrétienne destinée à un public religieux (des clercs, des moines et des moniales); ensuite elle s’est diversifiée au gré d’une thématique sociologique, psychologique et cathartique (libération émotionnelle). Cette geste caricaturale où les animaux sont représentés vivants agissant comme des humains sous la loupe grandissante du grotesque de la bouffonnerie ne cessera de divertir, d’amuser voire d’être perpétuée dans les œuvres de Boccace, Corbaccio, Rabelais, Gargantua et Pantagruel, Molière, Tartuffe et La Fontaine, Les Fables. Le Roman de Renart a également inspiré des auteurs contemporains comme Carl Gustav Jung dans la création du concept d’Enfant intérieur (la part enfantine de l’homme et de la femme) et Paul Radin dans son étude du Trickster (divinité chaotique) ou dans la version anonyme du Till l’espiègle (un être malicieux et facétieux). Ce prologue se propose de restituer les débuts de la terrible guerre fondatrice entre le goupil Renart et le loup Ysengrin, symboles de la société et des individus, des mentalités de l’époque médiévale, et de relever l‘émergence de nouvelles valeurs sociales opposées aux collectivistes et aux misogynes. Dans cet épisode de la branche XXIV détachée du Roman de Renart, le lecteur est