Le rouge et le noir
Ce personnage de roman de formation fait un autre apprentissage : celui de la séduction, qui renvoie aussi au jeune Rousseau et à sa rencontre avec Mme de Warens, sensiblement plus âgée que lui. Julien rejette les avances de la servante et choisit le défi social de la conquête de la douce et fragile Mme de Rênal. Sa fougue romantique le mènera au succès sans que Stendhal approfondisse exactement ses sentiments pour Mme de Rênal dont l'amour pour le jeune homme est plus clair. Cependant la scène, au début du roman, où Julien s'impose l'enjeu de saisir la main de Mme de Rênal à la faveur du soir, montre très clairement la psychologie du jeune homme. La scène de séduction est décrite, au travers de l'ironie stendhalienne, comme une scène de combat : "Au moment précis où dix heures sonneront, j'exécuterai ce que, pendant toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle". Chez Julien, grand admirateur de Napoléon, aucune décision ne se justifie sans l'idée de combat. Sa fierté s'explique par l'idéal guerrier qui transparaît ici : tout le roman se justifie d'après ce choix initial.
Contraint par la morale sociale, il quitte sans grand tourment Verrières et Mme de Rênal effondrée. Il passe par le séminaire de Besançon et découvre les conflits de pouvoir dans le clergé avant de trouver une voie prometteuse en devenant, à Paris, le secrétaire du Marquis de La Mole. Son intelligence et sa mémoire prodigieuse le mènent à de grands succès, tant dans les salons aristocratiques de Paris qu'en mission diplomatique à l'étranger. Mais peu à