Le rôle de la confiance dans le système de gouvernance des entreprises
-------------------------------------Gérard CHARREAUX(*) _________________________ Mai 1998
(*) Professeur en Sciences de Gestion, Directeur du Programme doctoral en Sciences de Gestion de l'Université de Bourgogne IAE DIJON - CREGO / LATEC 2, Bd Gabriel, Pôle d’Économie et de Gestion, 21000 Dijon ; Tel. 03.80.39.54.35; Fax. 03.80.39.54.88 E-mail : gcharrea@satie.u-bourgogne.fr
2 Dans un récent best-seller intitulé « Trust : the social virtues and the creation of prosperity », Fukuyama (1995) met en avant le rôle de la confiance pour expliquer le niveau de développement des différentes sociétés nationales. Pour reprendre la définition qu’il en donne1 (p. 26) « La confiance représente les attentes qui se constituent, à l’intérieur d’une communauté régie par un comportement régulier, honnête et coopératif, fondé sur des normes habituellement partagées, de la part des autres membres de cette communauté. ». Il associe cette notion à celle de capital social et de sociabilité organique, autrement dit, à la capacité à coopérer de façon spontanée, c’est-à-dire sur la base de valeurs partagées, informelles, plutôt que sous l’empire de règles édictées par des institutions telles que la famille ou l’autorité publique ou, encore, de contrats formels. Quels que soient l’attrait et le caractère fascinant de l’analyse proposée par Fukuyama, dont les bases sont principalement historiques et sociologiques, notre propos, s’il partage un objectif commun, celui d’expliquer la performance de systèmes économico-sociaux différents, s’inscrit dans une autre perspective, celle d’identifier et de préciser les liens de causalité entre un mécanisme particulier de coopération, la confiance, composante particulière du système de gouvernance des entreprises (et plus généralement des organisations) et la création de valeur, base de la prospérité. Ce faisant, nous postulons que le système de gouvernance joue un rôle