Peut-on concilier austérité et croissance ?
L’économiste Joseph Stiglitz écrit en avril 2013 à propos de la rigueur budgétaire : « Ce qui est stupéfiant, c’est qu’autant de dirigeants politiques continuent malgré tout d’appuyer ces politiques discréditées, même si des voix aussi conservatrices que le FMI leur disent aujourd’hui que leur austérité est dangereuse et qu’il faut s’occuper de toute urgence de stimuler l’économie ». Ainsi, l’austérité budgétaire, alors qu’elle marque les politiques économiques de la majorité des économies développées depuis les processus de sauvetages des banques en 2008, est paradoxalement vivement critiquée par de nombreux éminents économistes selon lesquels elle aurait des effets désastreux, contraires à ceux désirés.
Il convient donc de s’interroger sur cette notion d’austérité et sur les rapports qu’elle entretient avec la croissance. C’est en effet un sujet très actuel puisque nous atteignons la fin de l’année 2013 ce qui signifie que les gouvernements n’ont plus de marge de manœuvre pour atteindre leurs objectifs de réduction de déficits et de croissance. De plus, à l’heure où des possibilités de retour de la croissance semblent faire leur apparition, la pression européenne ne faiblit pas sur les pays les plus endettés qui sont alors contraints d’assainir leur situation au risque de voir s’envoler tout espoir de reprise. D’un point de vue plus théorique, il parait aussi indispensable de bien saisir les enjeux de l’austérité budgétaire. Cela pose d’abord le problème de l’intervention de l’Etat dans l’économie défendue par la théorie keynésienne en temps de crise mais décriée par des visions plus libérales. C’est aussi une question de perspective temporelle, tant les effets d’un assainissement budgétaires peuvent être différents à court terme et à long terme.
S’intéresser aux effets de l’austérité sur la croissance nécessite aussi un retour vers le passé. L’histoire récente a vu se succéder les politiques budgétaires expansives