Le simultanéisme
Le simultanéisme est un mouvement artistique développé conjointement par Sonia Delaunay et son mari Robert Delaunay. Il consiste à introduire le principe du contraste simultané de couleurs dans la peinture (Prismes électriques, 1914, Musée national d'art moderne Paris) mais aussi dans le textile, la mode vestimentaire et dans la décoration. Ses premières robes simultanées apparaissent à cette même date, ainsi que les illustrations d'un livre de Blaise Cendrar : La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France (1913). Le terme, par analogie, est revendiqué par d'autres artistes, notamment en poésie par Henri-Martin Barzun, Apollinaire et Tristan Tzara.
La « vision multiple et totale de l'Individuel, du Collectif, de l'Humain et de l'Universel » débouche sur le chant polyphonique d'une nouvelle poésie dont le programme fut élaboré par Henri-Martin Barzun : son « dramatisme » (devenu simultanéisme par la suite) se veut la synthèse de diverses tendances de l'avant-garde littéraire, telles qu'elles étaient définies par les poètes de l'Abbaye, sous le nom d'instrumentalisme, d'unanimisme ou de futurisme. Barzun appartenait aussi au groupe des poètes typographes œuvrant à la représentation de la complexité accrue du monde moderne, dans le sillage de Mallarmé et de Verhaeren. Dans L'Ère du drame, essai publié en 1912, Barzun définit son programme, auquel adhèrent bientôt les auteurs qui alimentent sa revue Poème et drame, lancée la même année. René Ghil, Fernand Divoire et Marinetti renouvellent les expériences graphiques introduites en poésie. Celles-ci font de la page une image des sensations simultanées, avant même l'apparition des Calligrammes d'Apollinaire et du « premier livre simultané » de Blaise Cendrars et de Sonia Delaunay, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France.
Cette inspiration visuelle qui relaie l'inspiration d'origine musicale des symbolistes provient, comme le remarque Michel Decaudin, de la forte