La Renaissance, s'étendant globalement du XIVème siècle au XVIème siècle en Europe, est l'une des rares périodes de l'histoire des arts à être perçue par ses contemporains comme une nouvelle étape à part entière. Elle est en effet ressentie dès le Trecento italien comme une période de renouveau, d'innovation, durant laquelle se développe une nouvelle vision du monde. Aussi observe t-on de nombreux et rapides progrès techniques, mais aussi théoriques dans divers domaines comme les sciences, l'étude des textes antiques mais aussi les arts. On pourrait donc la caractériser comme le renouveau avec la conscience du renouveau. Celui-ci survient après ce que l'on nomme alors «la décadence» de la période moyenâgeuse, qui est vue comme dégénérée car la culture s'y était éloignée de l'idéal antique. Cet «âge des ténèbres» (Pétrarque, XIVème siècle) considérait l'artiste comme un artisan, un exécutant technique d'une volonté divine ; cela est évidemment très éloigné de la position que nous lui connaissons aujourd'hui : il est reconnu de tous comme unique dans son inspiration et dans son style, émancipé et complètement libre dans sa création. Entre ces deux extrêmes, comment se positionne t-il durant cette période de bouleversement artistique mais aussi sociétal ? L'Italie, qui sera notre cadre d'étude, est alors divisée en multiples cités États ; on retrouve pourtant un même statut de l'artiste au sein de ces territoires politiquement hétérogènes. Après les prémices du Trecento, le Quattrocento voit s'affirmer cette nouvelle vision du monde portée par les penseurs humanistes et dans lequel l'artiste à une toute nouvelle place sociale. Nous verrons qu'il est en en effet de plus en plus compris comme différent de l'artisan et estimé socialement, et qu'il recherche une forme d'émancipation ; cette émancipation créatrice est néanmoins bornée par la nécessité pour l'artiste de gérer lui même la vente de ses œuvres, ce qui lui impose une activité de gestion commerciale. Nous nous