Le syndrome de Vichy
De 1944 à nos jours
Henri Rousso
INTRODUCTION
L’auteur cherche à démontrer qu’en France, la question de Vichy a été plus au centre des polémiques récurrentes que la question nazie. Il faut donc observer la part d’autonomie de ce régime vis-à-vis de l’occupant nazie et ses spécificités. Ce livre cherche surtout à évaluer la nature et la profondeur des cicatrices laissées par les années noires mais se veut aussi un éclairage différent sur la blessure elle-même.
Première partie : L’EVOLUTION
I- Le deuil inachevé
De 1944 à 1954, la France affronte directement le problème des séquelles de la guerre civile, de l’épuration à l’amnistie, c’est une phase de deuil.
1) Une libération qui mène à une guerre franco-française
La Libération constitue une étape intermédiaire entre l’Occupation et la mémoire de l’évènement. Dès 1944-1945 on assiste à la construction d’une mémoire de l’Occupation (notamment par les forces politiques)
Ex : discours de de Gaulle du 25 août 1944 : « Paris libéré […] par lui-même […] Vichy demeure nul et non avenu ». Le République veut donner par-là l’image d’une France intacte ; c’est le début de la constitution d’un mythe, celui d’un peuple en résistance. Il interprète le passé en fonction des urgences du présent.
Effectivement, les Français semblent divisés. Entre 1944 et 1947, la droite déconsidérée semblait presque vouée à disparaître alors que les 2/3 des Parlementaires élus sous la IVème République sont issus de formations de la résistance ou de la France libre. On note une aura des résistants dans la classe politique
Ex : le parti communiste se fait surnommer le « parti aux 75 000 fusillés »
Or, chacun commence à se créer une mémoire partisane ce qui rend impossible la définition d’une mémoire officielle
Ex : dans la vision communiste, les résistants s’opposaient à Pétain-le-traître, dans la vision gaullienne, ils n’ont fait que leur devoir de soldats français
Cependant, une partie de