Le temps d'un soupir d'anne philippe
Tu étais à tout jamais immobile, j'étais pour un temps encore en mouvement. La mort nous séparait pour l'éternité.
Je voudrais marcher, ne jamais m'arrêter. Ainsi seulement la vie me paraît possible. J'aimais notre pas accordé, c'était la plus belle réalité du monde. Où vais-je aujourd'hui, car marcher, ce n'est pas seulement mettre un pied devant l'autre. Où est mon but ? J'obéis aux ordres d'urgence : vivre, et faire vivre. C'est presque facile et c'est ainsi seulement en ramenant les choses à leur base que je puis accomplir ce qui est à faire.
Faut-il accepter un futur dont tu es absent ?
Je marche dans les jardins du Luxembourg. Je suis les mêmes chemins qu'il y a deux ans. Il était tôt alors. Les chaises étaient abandonnées. Quelques écoliers passaient rapidement. Le jet d'eau s'élançait dans la lumière perlée du matin car il ne pleuvait pas comme aujourd'hui, bien que l'année déclinât vers l'hiver. C'était la mort pour cette feuille que le vent chassait et pour celles sur lesquelles je posais les pieds. D'autres repousseraient. Mais, pouvais-je admettre que des hommes naissent quand tu mourais ? Je tournais et retournais dans les sentiers connus et aimés. Chaque arbre se dressait comme un barreau. Je disais tout ce que nous ne nous dirions jamais. Je respirais lentement à pleins poumons. Je n'osais m'asseoir, l'arrêt me faisait peur. Je marchais comme si j'allais sans fin à travers le monde. Je respirais comme on boit après une course. Je ne cherchais aucune solution puisque la solution existait. Elle n'était pas supportable. Voilà tout
Jusque-là, je n'avais jamais été intéressée par la mort. Je ne comptais pas avec elle. Seule la vie importait. La mort ? Un rendez-vous inéluctable et éternellement manqué puisque sa présence signifiait notre absence. Elle s'installe à l'instant où nous cessons d'être. C'est elle ou nous. Nous pouvons en toute conscience aller au-devant d'elle, mais pouvons-nous la