Le tropisme chez nathalie sarraute
a) Sens premier de tropisme : Le tropisme est un terme scientifique qui signifie le déplacement ou la transformation d’un élément sous l’effet de stimuli extérieurs ( chaleur, lumière, humidité … ) , c’est à dire une réaction élémentaire à une cause extérieure, un acte réflexe primaire. Exemple : L'orientation des plantes en fonction de leur milieu.
b) Nouveau sens métaphorique de tropismes inauguré par Sarraute :
Il s’agit « des mouvements à l’état naissant, qui n’ont pas encore accédé à la conscience. (… ) » Le terme tropisme renvoie donc à des mouvements intérieurs presque insensibles, dus à des causes extérieures : phrases stéréotypées, conventions sociales.
« Le but des récits de Nathalie Sarraute est moins une reproduction du réel (ce qu’on appelle la mimésis ) qu’un grossissement de ce qui se passe dans le subconscient , là où ne surviennent pas encore les mots mais où règne un magma confus de sensations, de menues aspirations, répulsions ou rétractions, ces « menus drames microscopiques » et intimes qu’elle a nommés d’un terme scientifique , approximatif même à ses yeux : les tropismes.
Ces turbulences intérieures se dérobent à tous et ne peuvent être saisies en surface que dans les interactions qui se jouent dans les scènes de dialogue ou dans ces étranges monologues intérieurs que sont les sous-conversations, trame essentielle de ses fictions.» Monique GOSSELIN ( Université de Paris X, Nanterre )
c) Première œuvre publiée de Nathalie Sarraute : Tropismes
Lorsqu'en 1939 paraît Tropismes, personne ne le remarque, sauf deux écrivains : Max Jacob et Jean-Paul Sartre. C'est le premier ouvrage de Nathalie Sarraute, auteur de trente-neuf ans. Elle pense qu'on « ne doit écrire que si l'on éprouve quelque chose que d'autres écrivains n'ont pas déjà éprouvé et exprimé ». Dans les dix-neuf très courts textes qui composent Tropismes (ils seront vingt-quatre lors de la