Le ventre de paris
En effet, maints lieux communs de l'étrange sont repérables dans l'oeuvre. On a d'abord le topos du lieu inconnu : Florent est un étranger qui vient voir les nouvelles Halles pour la première fois, car ces grands marchés, comme on l'a déjà mentionné, étaient construits pendant son exil. Ils sont pour lui un lieu inconnu. De plus, ces grands marchés décrits dans la lumière terne des becs de gaz, évoquent le lieu commun du château qui caractérise le roman noir. À cela s'ajoute l'emploi récurrent de la métaphore, le jeu du clair-obscur, l'importance donnée à l'ombre et aux effets de lumière en général.
Zola marque les aliments des Halles et les Halles mrmes d'une teinte de mystère. L'abondance des nourritures, leur entassement et leurs grandes tailles n'est pas sans créer, au moins pour Florent, une atmosphère d'étrangeté inquiétante.
Il lui semble parfois qu'elles sont dotées de vie. Zola les présente comme des ttres animés :
A certains craquements, à certains soupirs légers, il semblait qu'on entendît naître et pousser les légumes. Les carrés d'épinards et d'oseilles, les bandes de radis, de navets, de carottes, les grands plants de pomme de terre et de choux, étalaient leurs nappes.(487).
La construction impersonnelle « il semblait que » fonctionne comme une formule modalisante exprimant une certaine illusion, un doute qui fait l'essence mrme du fantastique:
Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un rtre qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel68.
Ainsi Florent hésite, se demande, peut-r tre, s'il a entendu, ou non, naître et pousser les légumes. Que les légumes poussent et naissent est tout à fait naturel. Ceci relève du réel. Mais entendre les légumes pousser et naître paraît surnaturel. Cela relève du surréel. Il s'agit d'un mot