Le blason du beau tétin de marie antonin
Un blason de la Vierge, le beau tétin de Marie
Dans une nouvelle de 1902, intitulée Gladius Dei1, Thomas Mann met en scène un débat esthétique et moral autour de la représentation de la Vierge allaitante. L’auteur nous introduit dans un Munich Belle Époque, image un peu désuète du Quattrocento florentin, dans lequel « l’art fleurit, l’art est souverain, l’art étend sur la ville son sceptre enguirlandé de roses et sourit ». Un drame simple et symbolique va se jouer. Un jeune homme encapuchonné, …afficher plus de contenu…
La référence au mariage et même le sous-entendu à l’allaitement de la Vierge n’a rien de spécialement évangélique, puisque le culte de la
Vierge n’est pas particulièrement attaché aux réformes protestantes, bien au contraire ; en outre, le mariage n’est plus un sacrement dans la tradition réformée. Enfin, si la cour de Ferrare abritait en 1535 un milieu évangélique, Marot était bien malheureux d’avoir dû s’y exiler ; il envoyait à la cour de France des adresses qui niaient son luthéranisme ; et il me semble bien plus probable que le « Blason du beau tétin », qu’il prit soin d’envoyer à la cour, ait eu pour objet de démontrer au roi que son poète se préoccupait plus de galanterie que de religion. D’autre part, l’affirmation selon laquelle la …afficher plus de contenu…
Cette nature charnelle de la mère de Dieu est mise en relief de façon beaucoup plus érotique dans les tableaux de Hans Baldung Grien, tout particulièrement dans la
Vierge à l'Enfant de 1539-154039. Celui-ci présente une Marie rêveuse, au regard perdu, peut-être mélancolique à la pensée de la Passion, peut-être grisée après l’allaitement, comme l’enfant qui repose dans son giron. Le modèle féminin a le charme sensuel d’une Vénus ou d’une Ève pécheresse. Et même, ses cheveux soigneusement ondulés, ses bijoux raffinés et sa chair largement offerte sous un riche velours lie-de-vin l’assimileraient à une courtisane. La sensualité de l’artiste s’affirme dans le traitement du sein, au rendu réaliste, plus lourd que celui d’une jeune fille, et légèrement