Le langage d'alain : de la pédagogie à l'idéologie
Le langage d'Alain : de la pédagogie à l'idéologie
François Richaudeau
Résumé
Sortis du purgatoire qui suit leur mort, et lorsqu'ils prennent leur stature définitive, nombre de grands écrivains révèlent un visage inconnu ou mal connu. Ainsi de Paul Valéry, tenu de son vivant pour un très grand poète qui s'était amusé à écrire quelques essais, et que l'on découvre aujourd'hui, à travers ses « Cahiers », comme un penseur profond …afficher plus de contenu…
Dans cet article, consacré au langage d'Alain, François Richaudeau montre que cette unité, au contraire, existe profondément.
En démontant le mécanisme de la phrase d'Alain, il démontre que son écriture, toujours d'un seul jet, était aussi une pédagogie active et sans cesse en action. On peut juger le langage d'Alain rocailleux, abrupt, voire sans élégance : il était, avant tout, efficace, il visait à faire apprendre, comprendre et retenir. Et, au-delà de sa pédagogie, il exprime, à travers ses « Propos », une unité de pensée qui ne se marque pas dans la construction, linéaire d'une œuvre, mais dans la cohérence d'un rationalisme …afficher plus de contenu…
4. Voir Richaudeau (F.) : le Langage efficace (Paris, C.E.P.L., 1973) et Richau- deau (F.) : « 6 phrases, 200 sujets, 41 lapsus, 1 rêve », in Communication et langages, n° 23 (Paris, C.E.P.L., 1974). Langage 21
En effet, des expériences menées par des chercheurs américains 5 montrent que les yeux en mouvement de sujets explorant une image s'arrêtent le plus fréquemment sur les angles représentés sur la figure, tandis qu'ils se fixent moins souvent sur les lignes, et, notamment, sur les lignes droites.
Nos mécanismes de perception — qu'il s'agisse de celle de l'image ou de celle du texte — auraient-ils besoin, pour mieux se concentrer, de l'« accident », au sein d'un parcours sans surprise linéaire de l'œil ou de l'oreille, de cet accident