Magdalena MigońLe personnage de Michel Szémiot dans "Lokis" de Prosper MériméeLe narrateur du récit, professeur Wittembach, commence ainsi la lecture de son journal : "LOKIS, avec ce proverbe lithuanien pour épigraphe : 'Miszka su Lokiu/Abu du tokiu' (Les deux font la paire ; mot à mot, Michel avec Lokis, tous les deux les mêmes. 'Michaelium cum Lokide, ambo [duo] ipsissimi')" (p. 183[footnoteRef:1]). Le professeur reste le narrateur à la 1ère personne durant presque tout le récit, sauf deux petit …afficher plus de contenu…

D'ailleurs aussi le nom du comte se réfère à "un diablotin oursin", alors nos raisons pour croire que le comte était vraiment mi-ours sont multiples, comme si même les conditions extérieures, involontaires, le prédisposaient à être différent de nature que son entourage humain. Le comte Michel Szémiot est un personnage "étrange", voilé de mystère. L'auteur utilise de nombreuses démarches pour verser de plus en plus de l'interrogation au fil de la lecture sur l'identité du comte, avec toute l'angoisse qui l'accompagne, parce que ce personnage montre des traits qui peuvent devenir reconnus chez le lecteur comme les siens. Le lecteur finit la lecture avec un frisson inconfortable, parce que le comte disparu, probablement changé en ours, après un éclat de violence qui jusqu'alors …afficher plus de contenu…

La tension croît jusqu'aux dernières lignes du récit de Mérimée. La peur atavique concernant les sombres désirs sexuels a trouvé un morose échappatoire fantastique. Ici, la construction du personnage doit prendre en compte la modalité fantastique de la nouvelle. Le protagoniste est doté des contrariétés dans son caractère, et nous le connaissons par le biais des événements - soit suivis directement par nous, soit rapportés par des tiers - qui ont pour but de susciter