Le rouge et le noir, chapitre 5
Dans cette scène calme et solitaire, Mathilde surgit comme un élément perturbateur, comme le prouvent l’expression « à sa grande surprise », et le rejet en fin de phrase de l’action « il vit entrer Mathilde ». Cette apparition est presque fantas tique, d’une part en raison du temps très court dans lequel Mathilde est venue jusqu’à Besançon (« dix lieues » correspondent à environ quarante kilomètres), d’autre part par la description qui en est faite, puisqu’« elle avait le regard et les yeux égarés », où les expressions « regard » et « yeux » désignent paradoxalement deux choses différentes ici. Cette insistance sur les yeux de la jeune fille annonce son intention, qu’elle proclame au discours direct, dans une phrase …afficher plus de contenu…
On relève la phrase négative « Fouqué n’eut pas le courage de parler ni de se lever », où les deux infinitifs traduisent cette incapacité à agir. Il se contente de désigner, dans un geste solennel et toujours silencieux, le corps de Julien caché par un manteau. La périphrase « ce qui restait de Julien » permet à l’auteur de garder un discours pudique sur l’évocation de la mort de son héros, qui n’est jamais décrit frontalement. Encore une fois, Mathilde va jouer un rôle très théâtral dans ces dernières pages du roman ; trop théâtral même pour que le lecteur perçoive une quelconque forme de douleur sincère chez elle. En premier lieu, « Elle se jeta à ses genoux ». Cette action emphatique est immédiatement suivie par un commentaire du narrateur, qui évoque son « courage surhumain » au « souvenir de