Les 150 ans du procès de madame bovary
Les 150 ans du procès de Madame Bovary
Quand la justice faisait le procès du vice
Il y a 150 ans, s'ouvrait le procès de Madame Bovary pour "offenses à la morale publique et à la religion". Malgré l'excellent réquisitoire de l'avocat impérial, Flaubert a été acquitté. Les juges estimant que "les passages quelque répréhensibles qu'ils soient, sont peu nombreux si on les compare à l'étendue de l'ouvrage".
"L'offense à la morale publique est dans les tableaux lascifs que je mettrai sous vos yeux, l'offense à la morale religieuse dans des images voluptueuses mêlées aux choses sacrées" a lâché Ernest Pinard au début de son réquisitoire. Pour étayer cette idée, l'avocat impérial s'est appuyé sur quatre passages du roman. Petit rappel de l'oeuvre pour comprendre le réquisitoire. L'histoire démarre avec le récit de la jeunesse de Charles Bovary. Se poursuit avec son entrée au collège et son mariage raté avec une riche veuve. Emma devient ensuite le personnage principal. Elevée dans un couvent, puis vivant à la ferme, elle se laisse séduire par Charles Bovary. L'épouse. Sa vie dans un petit bourg de Normandie est étroite, sans relief. Son mari, petit médecin sans ambition la dégoûte. Après une aventure extraconjugale avec Rodolphe puis Léon, un clerc de notaire de Rouen, criblée de dettes à cause de la vie luxueuse qu'elle a menée, elle décide de se suicider. A l'arsenic. L'adultère avec Rodolphe est selon Ernest Pinard immoral. "La médiocrité domestique la poussait à des fantaisies luxueuses, les tendresses matrimoniales à des désirs d'adultères, écrivait Flaubert. Emma et Rodolphe se regardaient, un désir suprême faisait frissonner leurs lèvres sèches, et mollement, sans effort, leurs doigts se confondirent" poursuivait-il. Cette scène n'était pas du goût de l'avocat impérial.
"J'ai un amant! un amant!"
La chute l'était encore moins. " Elle se répétait: j'ai un amant! un amant! se délectant à cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui