Les belles soeurs
Cet extrait que j’ai nommé La Vie Quotidienne est récité par un chœur de cinq femmes. Il évoque le quotidien aliénant et répétitif de la vie de ces ménagères pauvres et incultes. Il est écrit sur un ton lyrique qui exprime le sentiment de lassitude et de dégoût, jamais la joie de ces femmes ménagères.
La vie quotidienne
(Les cinq femmes se lèvent et se tournent vers le public. L’éclairage change.)
LES CINQ FEMMES, ensemble – Quintette : Une maudite vie plate ! Lundi !
LISETTE DE COURVAL – Dès que le soleil a commencé à caresser de ses rayons les petites fleurs dans les champs et que les petits oiseaux ont ouvert leurs petits becs pour lancer vers le ciel leurs petits cris…
LES QUATRE AUTRES – J’me lève, pis j’prépare le déjeuner ! Des toasts, du café, du bacon, des œufs. J’ai d’la misère que l’yable à réveiller mon monde. Les enfants partent pour l’école, mon mari s’en va travailler.
MARIE-ANGE BROUILLETTE – Pas le mien, y’est chômeur. Y reste couché.
LES CINQ FEMMES – Là, là, j’travaille comme une enragée, jusqu’à midi. J’lave. Les robes, les jupes, les bas, les chandails, les pantalons, les canneçons, les brassières, tout y passe ! Pis frotte, pis tord, pis refrotte, pis rince… C’t’écoeurant, j’ai les mains rouges, j’t’écoeurée. J’sacre. A midi, les enfants reviennent. Ça mange comme des cochons, ça revire la maison à l’envers, pis ça repart ! L’après-midi, j’étends. Ça, c’est mortel ! J’haïs ça comme une bonne ! Après, j’prépare le souper. Le monde reviennent, y’ont l’air bête, on se chicane ! Pis le soir, on regarde la télévision ! Mardi !
LISETTE DE COURVAL – Dès que le soleil…
LES QUATRE AUTRE FEMMES – J’me lève, pis j’prépare le déjeuner. Toujours la même maudite affaire ! Des toasts, du café, des œufs, du bacon… J’réveille le monde, j’les mets dehors. Là, c’est le repassage.