Les catholiques
Dans un sondage publié dans Le Monde en 1986, 81% des français se déclarent catholiques et (pourtant?) 16% seulement des personnes interrogées vont à la messe une ou deux fois par mois. Parallèlement, les instituts de sondage ont dû modifier les critères d'appartenance à la catégorie des fidèles réguliers: tandis qu'avant c'était l'assistance à la messe chaque dimanche, c'est désormais une ou deux fois par mois. Qu'est-ce donc qu'être catholique? Jadis, c'était observer scrupuleusement les commandements de l'Église et, faute de satisfaire les nombreuses conditions, on s'excluait de l'Église. Tout était clair et la frontière entre les catholiques et les autres était évidente, à tel point que la question ne se posait même pas. Désormais, le catholicisme a cessé de représenter la même chose pour tous. Il devient de plus en plus délicat d'apporter une réponse satisfaisante à la question de l'identité catholique. La définition même de catholique pose problème: le critère de la pratique régulière est-il suffisant?
1870 est une date charnière puisqu'elle marque à la fois le début de la IIIème république et le premier concile œcuménique du Vatican qui se tient du 8 décembre 1869 au 20 Octobre 1870. Ce concile est interrompu suite à l'invasion des troupes italiennes à Rome. Il définit l'infaillibilité pontificale qui est le dogme selon lequel le pape ne peut pas se tromper en matière de foi et de morale. Il affirme également la primauté du pape qui est explicitement reconnu comme autorité suprême de la catholicité. Être catholique en France en 1870 ne semble donc pas être la même chose qu'être catholique en 1990. En un peu plus d'un siècle, beaucoup de choses ont changé! Et ce qui pose problème paraît être le dialogue avec la modernité. En 1985, 32% des croyants disent avoir leur propre manière d'être en contact avec Dieu sans avoir besoin des institutions religieuses et il a de plus en plus de personnes qui se définissent