Les civils pendant la guerre
Pour les civils, l'invasion constitue un moment de particulière vulnérabilité. Lorsque les mesures d'évacuation n'ont pas été anticipées ou n'ont pu être mises en œuvre, les civils, leurs espaces de vie et leurs biens sont exposés aux effets directs et indirects des opérations militaires. Ils deviennent la cible de violences délibérées exercées par les troupes d'invasion. Exécutions, viols, prises d'otages s'accompagnent de pillages et de saccages, les atteintes aux personnes et aux objets s'inscrivant dans une étroite continuité. Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les populations civiles se sont vues exposées à cette violence d'invasion. Sur le front Ouest, les troupes allemandes pénètrent dans les territoires envahis, avec la certitude de devoir affronter une résistance armée des populations belges et françaises : dans les représentations des soldats et officiers allemands, le mythe du franc-tireur alimente l'image d'une population civile conduisant une guérilla cruelle contre les troupes allemandes aux moments de plus grande vulnérabilité. Dès le 8 août 1914, les treize régiments allemands ayant participé à l'attaque de Liège font preuve d'une violence à la mesure de leur appréhension. Dans la petite localité belge de Dinant, les exécutions de masse et l'emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674 personnes, soit 10% de la population totale. La destruction des bâtiments publics, des archives et des richesses artistiques accompagne l'anéantissement presque