les courants invisibles
A ma grande surprise, elle s’est exécutée. Mon cœur battait jusque dans mes doigts. Je lui ai fait signe de ne surtout pas faire de bruit. On s’est planqués derrière un rocher.
Le cœur serré, je pointe mon doigt sur un splendide oiseau.
-Qu’est-ce que c’est ?
Je ne réalisais pas très bien la situation. J’étais à coté d’elle, j’entendais sa respiration, et je percevais même sans la regarder, l’interrogation qu’elle avait à l’égard de cet animal.
-C’est une sterne. Elles sont le plus souvent grises et blanches, mais celle là est entièrement noire. On les appelle les hirondelles de mer.
Léa était impressionnée.
-Je n’en ai jamais vu.
Nous continuons à nous balader, en sautant de rocher en rocher. J’étais content que la marée soit basse, je pouvais ainsi emmener Léa, dans mon coin secret.
Devant nous, se montrait un très grand caillou.
-Viens avec moi, si tu veux.
Une fois de plus, elle s’exécuta.
Nous nous assaillions, de façon à ce qu’une vue imprenable s’offre à elle ; s’offre à nous. Nous avons vu maintenant, sur la mer encore loin, sur le sable doré, et sur quelques goélands.
-C’est magnifique, dit-elle.
On parlait, de tout et de rien, elle me racontait ses histoires, je lui racontais les miennes. Je crois même qu’on rigolait.
J’avais envie de lui dire. De lui dire le secret de ce lieu, mon secret. Je voulais lui dire que la tombe où reposait un célèbre écrivain, était ma mère. Que j’ai vécu toute mon enfance dans cette petite île, et qu’a la mort de ma mère, mon père et moi avons déménagé. Voilà pourquoi j’avais tant d’admiration pour ce lieu. Voilà pourquoi je connaissais tout les moindres recoins et toutes les cachettes de cette île.
-Il faudrait peut-être rentrer, la mer commence à remonter. La prof m’avait envoyé aller te chercher, elle va s’inquiéter !
-Est-ce grave ?
-Non.
Nous nous approchons de cette eau, et Léa décide d’enlever ses chaussures pour mettre ces pieds dans l’eau.