Les différents versions du lac des cygnes
Balanchine (en 1951) a composé une oeuvre légère et subtile, où la danse, visualisant la musique vive et brillante, se fait feu d’artifice.
→ Vladimir Bourmeister (1953)
Bourmeister propose, en 1953, la première version longue du Lac des cygnes
→ Noureev (1964)
« Le Lac des cygnes est pour moi une longue rêverie du prince Siegfried. Celui-ci nourri de lectures romantiques qui ont exalté sont désir d'infini, refuse la réalité du pouvoir et du mariage, que lui imposent son précepteur et sa mère. C'est lui qui - pour échapper au morne destin qu'on lui prépare - fait entrer dans sa vie la vision du lac, cet "ailleurs" auquel il aspire. Un amour idéalisé naît dans sa tête, avec l'interdit qu'il représente. (Le cygne blanc est la femme intouchable. Le cygne noir en est le miroir inversé, tout comme le maléfique Rothbart est la transposition pervertie de Wolfgang, le précepteur). »Si, dans la version Petipa/Ivanov transmise par la tradition russe, l’intérêt chorégraphique et dramatique est centré sur la ballerine qui a un double personnage à jouer et à danser (Odette, cygne blanc-vitrine lyrique, et Odile, Cygne noir-dangereuse séductrice), le prince étant réduit à devenir l’instrument de la fatalité, Noureev va renverser la situation. Noureev se permet d’introduire – à la fin de l’Acte I – une variation nouvelle : ce solo mélancolique et rêveur exprimant l’aspiration de Siegfried à un monde idéal fut jugé si beau que le Royal Ballet l’a gardé dans les diverses versions du Lac qui se sont succédées depuis. Quand Noureev entreprend sa propre version de l’ouvrage intégral (en octobre 1964 à l’Opéra de Vienne), il étoffe chorégraphiquement le rôle du Prince et surtout développe sa psychologie : par des fantasmes qui l’entraînent à sa perte, en courant éperdument après l’illusion d’une femme-cygne. « Rudolf Noureev – le charismatique danseur - a créé, en tant que chorégraphie, un Lac des cygnes qui, contrairement aux mises en scènes