Les doctrines de haine sont-elles modernes au xixe siècle ?
« haines de races, haines confessionnelles, haines politiques, haines de classes, on voit sugir de tous cotés des « anti » qui rivalisent d'exclusivisme et d'injustice, de fureurs aveugles et de colères ineptes : antisémitisme, antiprotestantisme, anticléricalisme, antiparlementarisme, antimilitarisme, anticapitalisme, comme si le patriotisme, comme si la religion et la raison elles-mêmes consistaient à maudire et à proscrire. » Anatole Leroy-Beaulieu (Les Doctrines de Haine : l'antisémitisme, l'antiprotestantisme, l'anticléricalisme.)
Le XIXe siècle en europe est celui de la révolution industrielle. Mais cette révolution n'est pas sans conséquences. Outre les bénéfices pour l'économie, des mutations profondes de la société s'opèrent avec notamment une urbanisation croissante et l'émergence de la classe ouvrière. Cette nouvelle société industrielle est marquée par le paupérisme dès lors la question sociale est au coeur des débats. L'émancipation des minorités (raciales, religieuses, économiques, politiques, sociales...) qui se dessine en parallèle comme une conséquence de la modernité va rapidement conduire à des mouvements, des réactions de rejet. Ces réactions se placent d'emblée comme une forme d'opposition à la modernité, c'est-à-dire l’ensemble des conditions historiques matérielles qui permettent de penser l’émancipation vis-à-vis des traditions, des doctrines ou des idéologies données et non problématisées par une culture traditionnelle, et ses conséquences. Toutefois, dans le contexte du scientisme, de véritables doctrines de haine envers certaines minorités apparaissent, témoignant de la volonté moderne d'imposer la raison à la société. On assiste à la multiplication des mythes, allégations et préjugés (mythe du complot contre les juifs, mythe du milliard...). Il s'agit alors de savoir si ces doctrines de haine sont modernes. A quels fantasmes renvoient-elles ? Et comment malgré