Les entreprises et les marches du xviiie siècle aux années 1930.
Le propos est de tenter de comprendre les liens entre les formes, les fonctions et les pratiques entrepreneuriales d'une part et les phases successives de développement du capitalisme industriel au travers de ses mutations structurelles de la veille de la première industrialisation à l'entre-deux-guerres Les limites chronologiques de l'étude méritent justification. Du Moyen-Age à l'époque moderne, des marchands et des négociants aventureux ont risqué leurs capitaux dans l'espoir de gros profits; ils ont ainsi créé et perfectionné les instruments d'un capitalisme naissant. Riches d'esprit d'entreprise, capables de tisser des réseaux complexes internationaux, ils pourraient à juste titre être nommés "entrepreneurs", mais dans ce sens très général, et non spécifié, où Cantillon l'employait. Plus que de diriger une entreprise, il me semble qu'ils se livraient à des "entreprises", qu'ils entreprenaient de vastes spéculations, dont le profit n'était qu'un profit de risque, lié aux difficultés de transport et aux fortes différences de prix; par nécessité leur activité se situait au niveau mondial. Son développement eut pour conséquence d'amoindrir ces différentiels de prix, donc d'affaiblir le profit jusqu'alors concentré dans la sphère commerciale et d'en ouvrir dans le domaine de la production industrielle de nouvelles opportunités: mais ici l'organisation, la maîtrise des techniques, la justesse de la perception des marchés, la gestion de la main-d'œuvre l'emportent désormais sur le risque. Turgot marque bien cette évolution en écrivant en 1766: "les entrepreneurs manufacturiers, maîtres-fabricants, tous possesseurs de gros capitaux qu'ils font valoir en faisant travailler par le moyen de leurs avances "... il va à l'essentiel en opposant capital et travail, en caractérisant la fonction de celui qui gère la production (Marx dira extrait la plus-value), en montrant l'importance centrale