Les français et la politique sociale du general de gaulle
L'arrivée au pouvoir du général de Gaulle et la mise en place des institutions de la Vème République ne modifient pas fondamentalement le scepticisme des Français, quant aux perspectives d'amélioration de leur vécu quotidien. Leurs préoccupations dominantes restent les mêmes sous la Vème République que ce qu'elles étaient sous la IVème République : l'équilibre de leur budget familial et leurs craintes d'une augmentation du coût de la vie. En février 1959, six Français sur dix, selon l'IFOP, placent en effet au premier rang de leurs préoccupations personnelles les problèmes pécuniaires de leur budget familial1. Et cette préoccupation va croissant, au fil des années sous la IVème République et sous la Vème République, au même rythme que la hausse régulière des indices du coût de la vie, depuis les années cinquante. Les craintes budgétaires personnelles sont d'ailleurs tellement vives, en 1959, qu'un Français sur deux envisage de restreindre les dépenses relatives aux postes essentiels du budget de son ménage, comme les dépenses de loisirs, de bien d'équipement et des moyens de transport personnel2. Ce sont justement les personnes qui envisagent de restreindre leurs dépenses qui s'estiment les plus touchées par les mesures prises par le cabinet Debré (sous l'impulsion du ministre des Finances, Antoine Pinay), pour définir une politique économique et financière de la France, et qui manifestent le plus grand pessimisme, quant à l'efficacité des mesures prises par l'Etat. Les agriculteurs, dans la proportion de quatre sur dix, se considèrent plus affectés que les autres catégories de Français par les mesures gouvernementales. Et la même proportion de Français a le sentiment qu'il existe une volonté du pouvoir de revenir sur certains acquis sociaux, comme la sécurité sociale ou les nationalisations. Le grief paraît d'autant plus surprenant qu'il s'adresse à l'auteur des ordonnances de