Les liaisons dangereuses
C’est le succès rencontré par cette adaptation théâtrale – et peut-être aussi les préparations au bicentenaire de la
Révolution française – qui a motivé l’intérêt des studios américains pour le roman de Laclos, car le passage de la littérature au cinéma a toujours répondu avant tout à des impératifs économiques. La logique concurrentielle des studios américains fait comprendre pourquoi deux projets aussi proches que ceux de Stephen Frears et
Christopher Hampton d’un côté, Milos Forman et Jean-
Claude Carrière de l’autre, ont pu se monter presque en même temps. Elle explique aussi que notre adaptation ait bénéficié d’un budget relativement limité, et peut-être qu’on en ait confié la responsabilité à Stephen Frears, réalisateur anglais expérimenté, habitué à tourner vite, auquel on donnait ainsi une chance de faire ses preuves à Hollywood. Le casting américain du film associe deux stars féminines de la fin des années 1980, Glenn Close et
Michelle Pfeiffer, capables d’attirer les foules, et un acteur à l’époque moins connu du grand public, mais apprécié de la critique et venant du théâtre, John Malkovich. Uma
Thurman et Keanu Reeves n’avaient pas en 1988 le statut qu’ils ont acquis aujourd’hui.
La réception du film de Stephen Frears
Le film est un succès public et critique (cf. dossier, compte rendu, p. 550). Parmi les éloges du film, on trouve celui de la fidélité au roman de Laclos.
C’est cette notion de fidélité qu’il faut évidemment interroger pour faire apparaître les principaux choix interprétatifs opérés par Christopher Hampton et Stephen Frears dans leur travail d’adaptation.